Dessin d’un roi gardien céleste

Malgré son apparente maladresse, ce dessin d’un devaraja, Tian wang, roi gardien céleste en armure, à l’encre foncée, rehaussé de couleur est très expressif. Vêtu d’une armure mais sans casque, le personnage ne porte ni arme ni attribut. Ses mains cependant semblent disposées comme si elles devaient porter horizontalement une flèche ou une épée. Sa morphologie tout en arrondis, ses yeux énormes, le hanchement et les aplats de couleurs le distinguent de nombreuses autres peintures bouddhiques plus habituelles. Solidement campé sur ses deux jambes qui paraissent trop écartées, le buste désaxé par rapport aux hanches, la tête sans cou tassée dans ses épaules et la bonhomie de son visage lui donnent un aspect très particulier.
Certaines de ces caractéristiques picturales se reconnaissent dans plusieurs dessins sur papier agrémentés de couleurs conservés au musée Guimet, tous du 10^e siècle. Il s’agit toujours de peintures sur supports modestes, papier ou chanvre, réalisés selon un procédé peu coûteux, le dessin à l’encre avec ajout de quelques touches de couleurs. Chacune de ces pièces révèle une même gaucherie apparente qui pourrait être une marque d’artiste ou d’atelier. À y regarder de plus près, on pourrait appliquer le jugement de Jao Tsong-yi (1978) : « pinceau impérieux et libre, affranchi des règles traditionnelles et respirant un impressionnant dynamisme ». Puissamment expressives, elles témoignent toutes d’une véritable ferveur religieuse.