Costume pour Silvia

Dans Le Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux, Dorante et Silvia refusent le mariage arrangé par leurs pères et décident, chacun de leur côté, d’échanger leur rôles avec leur valet afin d’observer l’autre. Les manières rustres des valets percent sous le costume emprunté, ce qui donne lieu à une cascade de quiproquos jusqu’à l’aveu final. La pièce est un chef d’œuvre du marivaudage, cette langue qui « fonctionnant à partir de reprises de mots avec léger déplacement de sens ou d’accent est un outil d’investigation psychologique » (Françoise Rubellin) et permet de faire jour dans les cœurs.
Silvia incarne une femme moderne qui met le bonheur intime au-dessus des conventions sociales. Pour autant, elle n’est pas exempte de vanité : « Franchement : je ne haïrais pas de lui plaire sous le personnage que je joue ; je ne serai pas fâchée de subjuguer sa raison, de l’étourdir un peu sur la distance qu’il y a aura de lui à moi. » (acte I, sc. 5)