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Diane, déesse de la chasse

Le Livre des échecs amoureux
Diane, déesse de la chasse
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Bon nombre des penseurs chrétiens du Moyen Âge ont vu dans la religion païenne de l’Antiquité une préfiguration du christianisme non encore révélé ; ils ont commenté en ce sens les figures des dieux qu’un certain Pierre Bersuire avait établies en préface de son commentaire latin aux Métamorphoses d’Ovide. Évrard de Conty les a naturellement insérées dans son Livre des échecs amoureux. L’illustration en fait un véritable art de mémoire, car en visualisant l’image, le lecteur mémorisait son commentaire moral ou spirituel ; ainsi en est-il par exemple de Diane, déesse de la chasse : « Diane était représentée par les Anciens sous l’apparence d’une dame qui tenait à la main un arc et une flèche et qui poursuivait des cerfs peureux et cornus... Elle représente la virginité qui commande de fuir l’oisiveté et de s’éloigner des vanités du monde ; l’arc et la flèche destinés à transpercer les bêtes sauvages signifient les activités raisonnables et honnêtes auxquelles la virginité consacre son temps pour fuir l’oisiveté. » Diane chasseresse représente aussi la lune. Ce somptueux manuscrit fut réalisé à la fin du 15e siècle pour Antoine Rolin, grand bailli et capitaine général du Hainaut.

Nous devons savoir que la lune domine spécialement les eaux et tout ce qui est humide. C’est pourquoi elle est appelée par les philosophes anciens Mère d’Humidité, […] Son vêtement blanc n’est pas non plus sans signification. Nous devons savoir que la couleur blanche a deux propriétés qui conviennent bien à la virginité. L’une est que la blancheur s’accorde avec le froid et qu’elle est engendrée par lui spécialement quand il s’associe à l’humidité […] L’autre propriété, c’est que la couleur blanche ne souffre ni tache ni souillure, et ne peut supporter qu’aucune substance étrangère se mêle à elle, car cela gâterait sa beauté et son éclat. […] la couronne d’or et de perles que la lune portait sur sa tête s’accorde aussi avec ce qui a été dit, car de même que l’or resplendit et reluit, qu’il jouit d’une dignité et d’une très grande excellence entre tous les métaux, et qu’il est pur et net de toute impureté, à tel point qu’aucun feu ne peut l’attaquer, mais au contraire le purifie et l’affine, de même nous pouvons dire que la chasteté et la virginité sont des vertus claires et resplendissantes qui deviennent d’autant plus pures et plus fines qu’elles sont travaillées par le brandon de Vénus.

© Bibliothèque nationale de France

  • Date
    Entre 1490 et 1495
  • Lieu
    Flandre (Hainaut)
  • Auteur(es)
    Maître d'Antoine Rolin, enlumineux ; Evrart de Conty (1330?-1405), auteur
  • Description technique
    Manuscrit sur parchemin, 44 x 32,5 cm
  • Provenance

    BnF, Départements des Manuscrits, Français,9197 fol. 140v

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm130200011h