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Inscription sur l’Amérique

Détail du globe terrestre de Coronelli
Inscription sur l’Amérique
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Bordure d’une inscription composée de pierres d’or et d’argent et de tous les instruments qui servent aux mines.

L’Amérique est la partie du monde la plus riche en mines d’or et d’argent. Quand les Espagnols ont fait les premières découvertes de ce continent, ils y ont trouvé des peuples qui avaient de l’or en si grande quantité que leurs ustensiles de ménage en étaient faits. Ils ornaient même les murailles de leurs temples et de leurs palais de plaques d’or et faisaient leurs dieux, et quantité d’autres figures massives, comme d’animaux, d’arbres et d’autres choses de ce beau métal. Atabalepa, roi du Pérou voulut donner à Pizarre pour sa rançon une chambre pleine d’or de 22 pieds sur 17 et l’on était à 7 pieds de haut, ce qui fait près de trois milliards qui est une somme immense.

Il n’est pas croyable combien il y a d’or et d’argent dans l’Amérique et surtout au Pérou, car quoique les Espagnols en aient tiré une quantité prodigieuse depuis deux siècles et qu’ils continuent tous les jours d’en tirer, cependant depuis dix ans seulement que quelques vaisseaux français vont dans la mer du Sud trafiquer sur les côtes du Pérou, ils en ont apporté plus de 200 millions.

Les mines de Potosi au Pérou et celles de Sainte Barbe dans le Mexique sont les plus abondantes. Quand les Espagnols ont découvert le Potosi, ils y ont trouvé des mines d’argent dont le métal était si pur, qu’il n’y avait pas la moitié de déchet. Ces veines avaient jusqu’à 300 pieds de longueur et sur 12 à 13 pieds de largeur et il en sortait hors de terre la hauteur d’une pique.

L’or se trouve de trois manières ou par veines dans la pierre, ou en pépins qui sont tout pur or, ou en sable dans les rivières ou dans les torrents. Il s’est trouvé des grains d’or de la valeur de 20 à 30 000 livres.

Les mines d’or et d’argent se fouillent comme les carrières des environs de Paris, c’est-à-dire en faisant les ouvertures de telle manière qu’on puisse entrer dedans de plain-pied, ou en creusant des puits qui ont jusqu’à 200 toises de profondeur.

Dans l’Amérique septentrionale où ce tableau est représenté il y a beaucoup de mines d’argent et peu de celles d’or.

Pour purifier l’argent, après avoir pilé la mine sur des enclumes, on le passe au tamis pour en ôter la plus grande partie de la terre et de la pierre qui se trouvent réduites en poudre. Étant ainsi pilée, on l’étend dans un grand bassin à la hauteur de 6 pouces, on jette beaucoup d’eau dedans et une certaine quantité de vif argent et de fer liquéfié et on la broie pendant 15 jours comme on fait le mortier, en jetant chaque jour de l’eau dessus. Après cela, on met cette mine dans des tonneaux où l’eau qu’on y fait entrer continuellement, sortant par dessus entraîne avec elle le reste de la terre qui se trouve dans la mine et pour que l’eau la puisse mieux entraîner, il y a un certain moulinet dans les tonneaux qu’on fait tourner sans cesse, pour remuer la mine et la laver. La mine ayant reçu toutes ces façons se trouve purifiée des parties terrestres dont elle était mêlée et alors on la met dans des creusets pour faire évaporer le vif argent qu’on y avait mêlé en la broyant dans le bassin ; mais le fer liquéfié ne pouvant se résoudre en vapeurs, reste mêlé avec l’argent et comme il y en a près de trois quarts d’once sur chaque marc, cela diminue un peu le prix de l’argent.

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    1681-1683
  • Lieu
    Paris
  • Auteur(es)
    Vincenzo Maria Coronelli (1650-1718), cartographe et cosmographe 
  • Description technique
    Charpente en bois, armatures métalliques, peintures
    Diamètre : 3,85 m. 2,3 tonnes
  • Provenance

    BnF, département des Cartes et plans, GE A 500 RÉS

  • Lien permanent
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