La Sainte Trinité et le châtiment des anges rebelles

Le manuscrit de Paris (BnF, Mss, Français 308), constitue le premier volume d’un Speculum historiale qui en comporte quatre (Paris, BnF, Mss, Français 308-311). Instrument de référence pour les sermons, la prédication et la méditation, cette œuvre a été réalisée par Vincent de Beauvais (vers 1190-vers 1264), sous-prieur du couvent des dominicains de Beauvais et surtout précepteur et bibliothécaire à la cour du roi de France Saint Louis (1214-1270). La traduction française du Speculum, sans doute achevée aux alentours de 1328, a été réalisée par Jean de Vignay à la demande de Jeanne de Bourgogne (vers 1293-1349), l’épouse du roi de France Philippe VI de Valois (1293-1350).
Dans les marges des frontispices des quatre volumes figurant les armoiries de France, celles-ci surpeignent l’écu de Louis de Gruuthuse. Dans les trois premiers volumes, les armoiries originales ont été tant bien que mal intégrées dans une décoration marginale réalisée à Paris aux alentours de 1400. Les miniatures quant à elles ont été exécutées, de toute évidence, à Bruges dans le troisième quart du 15^e siècle. La transcription du quatrième volume, comme l’indique le colophon (fol. 486v.) où ils ont reçu leur décoration secondaire (initiales, décoration marginale et bouts-de-ligne). Louis de Gruuthuse en fit l’acquisition alors qu’ils n’étaient pas illustrés, mais – pour une raison inconnue – il ne put acquérir le dernier tome. Il fit illustrer sa nouvelle acquisition à Bruges par Willem Vrelant et commanda l’exécution d’un volume supplémentaire afin de compléter le texte. Il semble d’ailleurs qu’on puisse identifier le quatrième volume originel à un manuscrit conservé à La Haye (KB, ms. 72 A 24) et illustré par le Maître de la Cité des dames à Paris vers 1400-1410. Ce dernier rejoignit probablement les Pays-Bas méridionaux par une voie différente des trois premiers volumes puisqu’il fit partie de la collection du conseiller bourguignon Philippe de Clèves après 1492.
La date de 1455 indiquée dans le colophon du quatrième volume correspond probablement à celle de l’illustration des quatre volumes de ce Miroir historial par Willem Vrelant à Bruges. Le manuscrit de Paris (BnF, Mss, Français 308) comporte une grande miniature à mi-page au fol. 13. Elle représente la Trinité sous forme de trois hommes aux traits identiques, entourée d’une mandorle ornée d’anges. Dans la partie inférieure, saint Michel et un ange armé d’un glaive repoussent les anges rebelles, déjà représentés comme des démons. Les couleurs y sont flamboyantes et l’usage d’or, qu’il soit mat, comme dans les angelots entourant la Trinité, ou bruni, comme dans les nuages sur lesquels repose le groupe principal, renforce cette impression. Le style typique de Willem Vrelant se retrouve dans cette représentation : les personnages, réalisés avec un soin particulier et une technique minutieuse, sont cependant assez raides et sans beaucoup d’expression. Les visages restent peu individualisés.
Cent trente et une miniatures de la largeur d’une colonne de texte illustrent le reste du volume. Contrairement à celle du fol. 13, elles ont été réalisées en grisaille, rehaussée d’or et de quelques couleurs destinées à mettre en évidence certains éléments de décoration, dans l’architecture (pavements, etc.), le mobilier (dais, etc.) ou le paysage. Ce type de grisaille a été utilisé par Vrelant dans d’autres manuscrits, tel l’exemplaire de la Vie de sainte Catherine (Paris, BnF, Mss, Français 6449).