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La Justice

La Justice
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Giulio Campi, élève de son père Galeazzo Campi, peintre crémonais, et frère d’Antonio et Vicenzo, tous deux peintres également, fut un artiste qui sut assimiler diverses influences, tout en conservant son originalité. Sensible au style de Pordenone, Bocca, Giulio Romano, le Corrège, il l’était aussi aux arts flamand et germanique. Sa manière élégante et précieuse peut s’apprécier dans de nombreux décors d’églises : Sant’Agata (1537), Santa Margarita (1547), San Sigismondo (1557), et reste l’une des expressions les plus attrayantes du maniérisme en Lombardie.
Ces deux dessins impressionnants non seulement par leurs dimensions imposantes mais aussi par leur virtuosité technique, leur aspect sculptural, leur style maniériste frisant l’extravagance sont caractéristiques de l’art crémonais du milieu du 16e siècle. Ils ont été exécutés en pendants et semblent, comme le suggère Jonathan Bober, être des études préparatoires à des décors éphémères monumentaux, réalisés pour l’entrée de Charles V à Crémone le 18 août 1541. Leur conception architecturale, l’illusion de relief des Vertus debout sur un socle, adossées à un pilier, illusion accentuée par un camaïeu de brun, la distorsion des corps ainsi projetés en avant, l’ombre portée, justifient ce point de vue. Le frère de Giulio, Antonio, décrit des statues en stuc le long du parcours de l’empereur de la porte S. Michele au palazzo Trecchi, en les attribuant à Giulio Campi et à Camillo Boccaccino.
Les allégories des vertus apparaissaient fréquemment dans la symbolique consacrée aux monarques. La Justice est représentée avec ses deux attributs habituels : la balance dont elle tient le crochet du fléau entre le pouce et l’index d’un geste de la main très recherché, et l’épée. Elle porte en plus une couronne, distinction rare, et son buste est revêtu d’une cuirasse. La couronne, attribut déjà utilisé dans la chapelle des Scrovegni à l’Arena de Padoue par Giotto (1305), évoque peut-être la justice impériale de Charles Quint. Raphaël, Pollaiuolo et Léonard l’avaient déjà employée. La cuirasse serait une extension de l’épée.

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    Vers 1550
  • Lieu
    Italie
  • Auteur(es)
    Giulio Campi. Crémone, vers 1507-1572
  • Description technique
    Plume et encre brune, lavis brun avec rehauts de blanc sur papier préparé. Mis au carreau à la pierre noire, 492 x 326 mm
    Fil. : ancre dans un cercle surmontée d'une croix
  • Provenance

    BnF, département des Estampes et de la photographie, RESERVE B-5 (1)-FOL

  • Lien permanent
    ark:/12148/mmbc76t50s8p8