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Voyage de Fernand Magellan par le détroit de ce nom

Détail du globe terrestre de Coronelli
Voyage de Fernand Magellan par le détroit de ce nom
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L’an 1519, Fernand Magellan, gentilhomme portugais, chagrin du peu d’état que le roi faisait de sa personne, passa en Castille où il proposa la découverte d’un nouveau chemin des Moluques, beaucoup plus court et plus aisé que celui des Portugais par le cap de Bonne-Espérance : On lui donna cinq vaisseaux où il y avait 237 hommes sans aucune femme. Il partit de Séville le 10 août, vint au port St. Vincent d’où, étant parti le 20 septembre, il arriva le 26 à l’île de Ténériffe qui est une des Canaries, puis navigant autour des îles du cap Vert, il avança jusqu’aux côtes de Guinée où il fut pris d’un calme qui dura 70 jours. Étant arrivé sous la ligne équinoxiale, une furieuse tempête le jeta au cap St. Augustin où il radouba ses vaisseaux pendant deux mois. S’étant remis en mer, il laissa les côtes du Paraguay et après avoir encore essuyé une tempête, il arriva le dernier jour de mars de l’an 1520 au Port-St-Julien, situé à 49 degrés de latitude dans cette partie de l’Amérique méridionale que l’on nomme terre Magellanique. Toute la flotte y souffrit un très grand froid pendant les mois d’avril, mai, juin, juillet et août. Cependant le vaisseau que Magellan y avait envoyé pour découvrir le détroit qu’il cherchait, aborda à la rivière de Ste. Croix mais il y fut fracassé et il périt.

Magellan avec le reste de sa flotte quitta le Port St. Julien le 24 août et le 21 octobre, il aborda au cap de Ste. Ursule ou des Vierges, enfin le 6 novembre il se trouva à l’entrée orientale du détroit auquel il donna son nom. Il fit descendre à terre deux de ses gens qui avancèrent 20 lieues dans le pays et lui en amenèrent des hommes qui passaient de 12 paumes les plus grands hommes de sa flotte. Les Hollandais qui ont été de nos jours à ce détroit parlent de la même manière de la grandeur de ces peuples, quoique Jean Winter et quelques autres Anglais ont écrits qu’ils étaient d’une taille ordinaire, on les appelle Patagons.

Ce détroit a quelquefois 3 à 4 lieues de large, et quelquefois il n’en a qu’une, de sorte que souvent les vergues touchent aux arbres dont les bords étaient couverts. Il est entrecoupé de plusieurs îles, ce qui obligea Magellan qui se trouvait incertain de sa route, à envoyer un de ses vaisseaux par un côté pendant qu’il allait par l’autre, mais l’équipage de ce vaisseau appelé St. Antoine ne pouvant plus souffrir la sévérité de ce général, força le capitaine à prendre la route d’Espagne. Enfin Magellan ayant enfin trouvé ce détroit qui a environ 110 lieues de long, entra dans la mer du Sud et sortit de ce fameux détroit par le côté qui regarde l’occident, le 28 novembre. Après 40 jours de navigation, il se trouva sous le tropique du Capricorne, il fut près de 4 mois sans apercevoir aucune terre et pendant ce temps il eut les vents si favorables qu’il faisait par jour 50 lieues au moins et fort souvent 60, quelquefois même 70, sans être tourmenté d’aucune tempête, ce qui fit qu’il nomma cette mer Pacifique. Il aborda à l’île de los Zuberones, puis à celle de St. Pierre ou S. Pedro et enfin aux îles des Larrons. La mer qui baigne ces îles fut nommée archipel de St. Lazare.

Il prit terre à Cebut ou Zebut qui est une des îles des Larrons et par ses conseils, le roi, la reine et 800 habitants de cette île embrassèrent le christianisme et furent baptisés le 31 mars 1521, qui était le jour de Pâques. Quelque temps après, le reste de cette île, en fit de même.

Après cela, Magellan prit le parti du roi de Cebu contre le roi de Matan et ce dernier étant en guerre contre l’autre, Magellan avec bon nombre des gens y demeura sur la place, le 2 avril dans l’île de Matan. L’on choisit après sa mort Jean Senan pour son successeur mais il eut le malheur d’être fait prisonnier, ce qui obligea Odoard Barbosa de se mettre à la tête de la troupe espagnole qui restait. Il fit mettre le feu au bateau de la Concepcion parce qu’il n’avait point d’hommes pour mettre dessus, et que tout ce qui servait à équiper un vaisseau lui manquait. Il partit enfin avec deux vaisseaux seulement, aborda au Port Bornéo après plusieurs détours le 8 juillet et deux mois après il se trouva aux îles Moluques, le 8 novembre de cette même année 1521. Il descendit à l’île de Tidore où lui et ses compagnons furent reçus très humainement par le roi de cette île, qui était ennemi des Portugais, alliés au roi de Fernate avec lequel il était en guerre. Il trouva que la mer qui est aux environs des îles Moluques a 102 coudées de profondeur. Il fut obligé d’y laisser un de ses vaisseaux parce qu’il ne pouvait plus tenir la mer, il partit enfin de l’île de Timor le 11 février 1522 et après avoir passé la ligne, il traversa la mer de Lantchidol, et vint dans les mers qui baignent la Cafrerie, son vaisseau y fut battu par les vents pendant 7 semaines, enfin il doubla le cap de Bonne-Espérance et poursuivant sa route il vint aux îles du cap Vert. Les Portugais de l’île St. Jacques firent prisonniers 13 des siens et Barbosa se vit réduit à n’avoir dans son vaisseau que 18 personnes avec lesquelles il arriva à Séville, en Andalousie. Il y fut reçu avec une extrême joie, puisqu’il y avait 3 ans et 28 jours que lui et ses compagnons en étaient partis et qu’ils avaient fait par mer 14460 lieues. Leur navire fut nommé la Victoire parce qu’il avait résisté à tant d’effroyables tempêtes et que c’était le premier qui eut jamais fait le tour du monde, à moins que nous ne voulions en croire un certain Portugais qui assure avoir vu dans le cabinet de Charles d’Alcobata en 1518 une mappemonde faite il y avait plus de 120 ans dans laquelle le cap de Bonne-Espérance était marqué avec la route des Indes. Un autre auteur dit qu’en 1428, l’Infant D. Pedro rapporta d’Italie l’autre mappemonde où le détroit de Magellan était marqué fort distinctement et nommé la Queue du Dragon, aussi bien que le cap de Bonne-Espérance qui y était appelé Frontiera d’Afriqua.

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    1681-1683
  • Lieu
    Paris
  • Auteur(es)
    Vincenzo Maria Coronelli (1650-1718), cartographe et cosmographe 
  • Description technique
    Charpente en bois, armatures métalliques, peintures
    Diamètre : 3,85 m. 2,3 tonnes
  • Provenance

    BnF, département des Cartes et plans, GE A 500 RÉS

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm5022006301