Théâtre-miniature : Le Petit Chaperon rouge

Librairie de piété, la maison Guérin-Müller et Cie est dans les années 1860 le dépositaire exclusif à Paris des publications illustrées et de l’imagerie imprimée à Pont-à-Mousson par Haguenthal. Sous le titre de « Librairie illustrée pour étrennes », elle présente à son catalogue en 1867 pas moins de neuf séries dont quatre dédiées aux livres à système. Des plus surprenantes, la première série regroupe sous le titre « La Famille Jovial » quatre albums comiques à figure mobile dont la tête, « de composition élastique » permet d’animer la physionomie du personnage. La deuxième série est consacrée au « livre théâtral » ; deux nouveaux titres y sont annoncés, Les Voyages et Aventures de Robinson Crusoé et Le Petit Chaperon rouge. De format in-8°, « les feuilles de ce charmant album, composées de parties mobiles, offrent chacune l’aspect d’un panorama ». Sensiblement différent dans le procédé et le format, le Théâtre-miniature VIDEduit ici, imprimé par Schreiber à Esslingen, se présente comme un portefeuille contenant quatre feuilles cartonnées et pliées dont le décor chromolithographié sur plusieurs plans se dresse à la verticale lorsqu’on le tire par une languette, créant un effet de profondeur. Les quatre feuilles correspondent à quatre histoires : « Le petit Chaperon rouge », « Martin l’ours » (variante de Hansel et Gretel qu’on retrouve à la même époque chez Louis Westhausser), « Les rois mages » et « L’arbre de Noël ». La scène entre le loup et le petit Chaperon est plutôt cocasse. Les présentations faites, le loup propose à la fillette de cueillir des fleurs pour sa mère-grand tout en marmonnant en aparté ses vilains projets. Jugeant cette attitude bien suspecte, l’enfant décide de le planter là. Et le loup tout dépité de s’exclamer : « Diable ! cette fois-ci, l’aventure ne finit pas comme dans le conte de Perrault. Le loup, le plus rusé et le plus méchant ne peut rien contre un enfant obéissant. » (C. P.)