L’Asie dans l’Atlas catalan

Bibliothèque nationale de France
Le Jugement dernier
À l’extrémité de l’Orient, le jugement dernier est représenté dans un jardin, avec le Christ-roi bénissant des fidèles. En haut à droite de l’image, un démon, figuré comme un dragon cornu couvert d’écailles noires, monte la garde devant un rempart de montagnes. Alexandre le Grand, couronné, semble lui donner un ordre avec son index pointé. Une légende commune à l’Occident comme à l’Orient raconte qu’Alexandre le Grand emprisonna le peuple de Gog et Magog derrière de hautes montagnes et de solides portes de fer, jusqu’à la fin du monde. Les cartographes médiévaux situaient d’ordinaire le Paradis terrestre à l’extrémité orientale du monde habité. L’auteur de l’Atlas catalan y place au contraire une porte de l’Enfer.
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Le Khan de la Horde d’Or
Depuis les terribles invasions du 13e siècle, l’empire mongol s’étendait jusqu’aux steppes de Russie et en Europe orientale. Les descendants de Gengis Khan contrôlaient au nord de la mer Caspienne un empire appelé la Horde d’Or, ou royaume des Tatares, ou encore Khanat de Kiptchak. Le souverain mongol est représenté avec des accessoires orientaux : le turban, le coussin sur lequel il est assis en tailleur, la coiffure ; mais il porte les attributs traditionnels des royautés occidentales que sont le sceptre et le globe en or.
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Représenté la tête en bas (les cartes nautiques rappelons-le, n’ont ni haut ni bas) trône précisément le Grand Khan dont la légende explique qu’il est le plus grand souverain de la Terre. Le souverain mongol avait couvert Marco Polo d’honneurs et de cadeaux après lui avoir donné plusieurs missions de confiance.

Alexandre le Grand et un démon
Un démon, figuré comme un dragon cornu couvert d’écailles noires, monte la garde devant un rempart de montagnes. Alexandre le Grand, couronné, semble lui donner un ordre avec son index pointé. D’un côté, le jugement dernier est représenté dans un jardin, avec le Christ-roi bénissant des fidèles. L’autre espace est réservé au prince de Gog et Magog, peuple maudit dans la Bible, et destiné à déferler sur le monde à la fin des temps.
Une légende commune à l’Occident comme à l’Orient raconte qu’Alexandre le Grand emprisonna le peuple de Gog et Magog derrière de hautes montagnes et de solides portes de fer, jusqu’à la fin du monde. Les cartographes médiévaux situaient d’ordinaire le Paradis terrestre à l’extrémité orientale du monde habité. L’auteur de l’Atlas catalan y place au contraire une porte de l’Enfer.
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Au nord, au-delà d’une chaîne de montagnes, qui n’est pas sans rapport avec la muraille de Chine, sont refoulés, toujours plus à l’est, certains personnages mythiques de la cartographie médiévale : l’Antéchrist et le prince de Gog et Magog, ce peuple cité dans la Bible qui aurait été isolé derrière ces montagnes par Alexandre le Grand.
Pour l’Atlas catalan, le monde s’arrête à la mer de Chine. Rien ne laisse supposer que l’auteur soit persuadé de la rotondité de la Terre, alors qu’il nous paraît pourtant très proche de cette vérité. L’île de Sumatra, appelée Trapobana de son nom antique et visitée par Marco Polo, est amputée de sa partie orientale. Elle constitue le bout du monde, la dernière terre avant l’inconnu. Près d’elle, dans une constellation d’îles multicolores, au nombre de 7 548 nous dit le texte, ont été repoussées les terres légendaires transmises par les géographes de l’Antiquité tels que Hérodote, Pline, Isidore de Séville, et affectionnées par le Moyen Âge : les îles aux sirènes, ces êtres mi-femme mi-poisson ou bien mi-femme mi-oiseau. Un peu plus au nord, des insulaires vivent nus, boivent de l’eau de mer et vivent de poisson cru : ce sont les premiers « sauvages ».

Les rois mages en route vers Béthléem
De la province de Columbo à l’empire de Sarra la carte emprunte à la Bible : tour de Babel, arche de Noé, Ninive, Reine de Saba... Les rois mages suivent vers l’occident l’étoile, leurs successeurs règnent sur de vastes et opulents empires tandis qu’une caravane affronte les grands déserts de la route de la soie vers des inconnus d’or et d’épices. La représentation cartographique s’affine et les toponymes se multiplient.
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En prenant le chemin du retour vers l’Europe, nous rencontrons deux caravanes. La plus importante longe les monts de Sibérie au nord ; sa légende nous indique qu’elle se dirige vers le Cathay et on l’utilise souvent pour illustrer le voyage de Marco Polo. La plus petite, au centre, n’est composée que de trois cavaliers. Ce sont les rois mages en route pour Bethléem avec pour présents leurs merveilleux produits d’Orient : l’or, l’encens et la myrrhe. Le commentaire signale qu’ils sont inhumés dans la ville de Cologne, où se trouvent encore aujourd’hui leurs reliques.
Plus au sud, tenant une pépite d’or, la reine de Saba, souvent évoquée dans la littérature médiévale, illustre le passé de la riche Arabie. Celle-ci est alors aux mains des musulmans dont la ville sainte, Mecha, est figurée avec un fidèle en prière et l’arche de Mahomet. Ainsi voisinent sur cette carte, œuvre d’un juif, des allusions à l’islam et à la religion chrétienne. Elle offre une synthèse des cultures latine, chrétienne, juive et arabe.