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Extrait

La bague en émeraude de Léa

Colette, Chéri
Si les perles font partie de l’écrin personnel de Colette, elles ont également leur place dans son œuvre littéraire. Celles-ci sont ainsi présentes lorsque Colette narre les caprices de Fred Peloux, alias Chéri en 1920. Dès le début du roman, le jeune homme de dix-neuf ans dérobe à sa maîtresse plus âgée, la courtisane Léa de Lonval, son collier de perles. Un bijou qu’il convoite en se comportant comme une demoiselle à marier.

 Qu'est-ce... qu'est-ce que c'est que ça ? bredouilla-t-il.  

 Ça ? C'est une émeraude.  

 Je ne suis pas aveugle ! Je veux dire : qui est-ce qui te l'a donnée ?  

 Tu ne connais pas.  

 Charmant ! dit Chéri, amer. 

L'accent rendit à Léa toute son autorité et elle se permit le plaisir d'égarer un peu plus celui qui lui laissait l'avantage.  

 N'est-ce pas qu'elle est charmante ? On m'en fait partout compliment. Et la monture, tu as vu, cette poussière de brillants qui… 

 Assez ! gueula Chéri avec fureur, en abattant son poing sur la table fragile.

Colette, Chéri, Paris, Arthème Fayard & Cie, 1920, p. 210 
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