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Extrait

Un personnage qui accumule les dettes dans Madame de

Louise de Vilmorin, Madame de
Avec la femme de lettres et journaliste Edmonde Charles-Roux (1920-2016), René Clair se presse chez le joaillier Chaumet afin d’offrir à Louise de Vilmorin un petit sac-bijou façonné d’or et de platine, serti de saphirs cabochonnés. Mais Louise ressemble beaucoup au personnage qui inspire son œuvre littéraire et notamment à la protagoniste de Madame de, roman publié en 1951. L’histoire raconte celle d’une aristocrate endettée qui ment au sujet d’une paire de boucles d’oreilles offerte par son mari qu’elle dit soi-disant avoir perdues alors qu’elles les a vendues afin d’honorer les factures qui s’accumulent.

M. de avait une belle fortune, il était fier de sa femme et ne lui refusait rien. Jamais il ne lui posait de questions au sujet de ses dépenses, elle n’avait aucune raison de craindre des reproches et pourtant, […] Mme de cachait ainsi à M. de le montant des factures qu’elle s’engageait à payer. Après quelques années de ce jeu elle fut mise en face de grandes dettes qui lui causèrent d’abord du souci, puis de l’angoisse et, enfin du désespoir. Elle osa d’autant moins en parler à son mari qu’elle lui mentait depuis longtemps et qu’il avait toujours été fort généreux envers elle. Ne voulant perdre ni le prestige qu’elle avait à ses yeux, ni la confiance dont il la croyait digne, elle estima que seule la vente secrète d’un bijou pourrait mettre un terme à sa situation. Elle ouvrit ses coffrets et trouvant imprudent de se défaire d’un bijou de famille ou d’une quantité de bijoux de moindre valeur dont la disparition serait inexplicable, elle décida de vendre une paire de boucles d’oreilles faite de deux beaux brillants taillés en forme de cœur. C’était un superbe cadeau qu’elle avait reçu de M. de au lendemain de leur mariage. Elle se rendit chez le bijoutier, homme de confiance, ami et joaillier des meilleurs familles, lui fit jurer le secret et lui parla de telle sorte qu’il crut M. de averti de la démarche de sa femme.

Louise de Vilmorin, Madame de, Paris, Éditions Gallimard, 1951, p. 13 et 14
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