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BnF Essentiels
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George Sand

Portrait d’une femme artiste

George Sand, de son vrai nom Aurore Dupin, adopte ce pseudonyme pour se faire une place dans le cercle, très masculin, des écrivains. Rapidement, elle devient leur égal et vit de sa plume. Ses mœurs libérées défraient la chronique d’autant plus que ses premiers romans aux accents féministes peignent les souffrances de la femme mal mariée. Sa correspondance avec les plus grands artistes du temps (Chopin, Musset, Delacroix…) et ses mémoires, Histoire de ma vie (1854), sont un précieux témoignage sur l'époque.

Portrait de George Sand enfant
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Portrait de George Sand
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Portrait de George Sand
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Portrait de George Sand
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De Nohant à Paris

C’est par une montée à Paris, au début de 1831, qu’Aurore Dupin, épouse Dudevant, se lance sur la « mer orageuse de la littérature ». Une fois reconnue dans le champ littéraire, c’est vers son Berry d’enfance que va souvent revenir la grande écrivaine qu’est devenue entre-temps George Sand, tout en y situant bien de ses récits, dont ses romans champêtres. Sa vie littéraire sera ainsi rythmée entre Nohant, où elle reçoit ses amis (Balzac, Liszt, Chopin, etc.) et son appartement parisien du square Orléans dans la Nouvelle Athènes. C'est, dit-elle, un véritable « phalanstère » culturel, où elle emménage en 1842, en même temps que Chopin, son amant.

George Sand en costume de Berrichonne
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Je dirai quelques mots de cette terre de Nohant où j’ai été élevée, où j’ai passé presque toute ma vie et où je souhaiterais pouvoir mourir. Le revenu en est peu considérable, l’habitation est simple et commode. Le pays est sans beauté, bien que situé au centre de la vallée Noire, qui est un vaste et admirable site. […] Quoi qu’il en soit, il nous plaît et nous l’aimons.

George Sand, Histoire de ma vie, 1855

Le « troisième sexe »

C’est ainsi que Flaubert parle de George Sand qui porte des pantalons, fume le cigare et vit librement des liaisons amoureuses. Pourtant, elle ne prétend pas être un homme et milite pour l’égalité des sexes. C’est lors de la publication d’Indiana en 1832 qu’elle adopte le pseudonyme masculin de George Sand pour déjouer le mépris envers les femmes écrivains.

Portrait charge de George Sand
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Gustave Flaubert
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Indiana
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Sand et Musset

Pendant deux ans George Sand et Alfred de Musset entretiennent des relations passionnées et orageuses, qu’ils transposeront par la suite dans des romans, s’inspirant en partie de leur correspondance : ce sera La Confession d’un enfant du siècle de Musset (1836) puis Elle et Lui de Sand (1859).

Alfred de Musset
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Lettre de Musset à George Sand, 28 juillet 1833
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Georgia S...
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Thérèse lui répondit : « Adieu pour toujours ! Mais sache que tu n’as rien fait contre moi que je n’aie pardonné, et que tu ne pourras rien faire que je ne puisse pardonner encore. […] »

George Sand, Elle et Lui, 1859

Le roman de Venise

La « querelle de Venise » entre les deux amants a nourri les potins de l’époque, Sand entretenant une liaison avec le médecin de Musset, Pagello. Après leur rupture, Sand écrit les Lettres d’un voyageur, dont les deux premières sont adressées de Venise à Musset, puis Les Maîtres mosaïstes (1838) consacrés à l’église Saint-Marc.

Venise – Vue prise au-dessus de San Giorgio
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George Sand et Musset sur le bateau qui les conduit de Marseille à Gênes
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George Sand et Musset en Italie : scène de rue
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Quand nous nous sommes quittés, j’étais fier et heureux de te voir rendu à la vie ; j’attribuais un peu à mes soins la gloire d’y avoir contribué. Je rêvais pour toi des jours meilleurs ; une vie plus calme. Je te voyais renaître à la jeunesse, aux affections, à la gloire. Mais quand je t’eus déposé à terre, quand je me retrouvai seul dans cette gondole noire comme un cercueil, je sentis que mon âme s’en allait avec toi. Le vent ne ballottait plus sur les lagunes agitées qu’un corps malade et stupide.

George Sand, Lettres d’un voyageur, 1837

L’idéal socialiste

Sand entame avec Michel de Bourges un long chemin du côté de l’idéal républicain et socialiste. Elle écrit des romans dits « socialistes » — Le Compagnon du tour de France (1840), Jeanne (1844), Le Meunier d’Angibault (1845) —, défend les poètes ouvriers et lance la Revue indépendante (1841-1848) avec Pierre Leroux.

Michel de Bourges
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Pierre Leroux
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L’échec de 1848

En 1848, son engagement prend la forme journalistique : elle fonde La Cause du peuple et collabore à La Vraie république. L'échec de la révolution de 1848 puis le coup d’État de 1851 entrainent l’arrêt de son activité militante.

Lamartine refusant le drapeau rouge devant l'Hôtel de Ville
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Dénonciation des abus de la propagande bonapartiste
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Louis Napoléon franchit les barricades de Paris dans la nuit du 2 décembre 1851
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Mon ami Chopin

George Sand s’amourache de Chopin, le soigne, le couve jusqu’à sa mort en 1849. Dans sa correspondance, elle l’affuble de mille et un surnoms : « Chopinet, Chip, Chipette, Chopinsky ». Ils nouent une relation privilégiée, composant côte à côte pendant près de dix ans, à Paris, Majorque et Nohant. Leur amie commune, Pauline Viardot, inspire l’héroïne de Consuelo.

Frédéric Chopin
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La chartreuse de Valldemosa à Majorque
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Portrait de Pauline Viardot
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Les romans champêtres

George Sand est aussi une admirable conteuse, inspirée par le Berry de son enfance. À la lecture naïve de ses « romans champêtres », où le pittoresque le dispute à la poésie, se superpose une lecture engagée. Sand y promeut la valeur de l’individu, la réconciliation par l’amour, la vie en collectivité et l’importance de l’éducation.

Chapitre VI, Petit Pierre
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La Petite Fadette
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François le Champi
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Nous croyons que la mission de l’art est une mission de sentiment et d’amour, que le roman d’aujourd’hui devrait remplacer la parabole et l’apologue des temps naïfs, et que l’artiste a une tâche plus large et plus poétique que celle de proposer quelques mesures de prudence et de conciliation pour atténuer l’effroi qu’inspirent ses peintures.

George Sand, La Mare au diable, chapitre I, 1846

Le théâtre de Nohant

À Nohant, enfants et proches se prêtent au jeu, répètent les pièces que George Sand compose pour les scènes parisiennes, improvisent sur les canevas de la commedia dell’arte que Sand chérit, et montent un théâtre de marionnettes, dessinées par son fils, Maurice Sand.

Première représentation du Théâtre des marionnettes
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La Troupe de 1847 à 1849
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La vieille-Arlequin (Lambert) dans L’Alchimiste
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Falstaff (Maurice Sand) dans La Jeunesse d’Henry V
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Nous menons une vie de cabotins. Nohant n’est plus Nohant, c’est un théâtre ; mes enfants ne sont plus des enfants, ce sont des artistes dramatiques ; mon encrier n’est plus une fontaine de romans, c’est une citerne de pièces de théâtre.

George Sand, lettre à Pauline Viardot, 16 octobre 1851

Une autobiographie au féminin

Histoire de ma vie brosse le portrait d’une femme qui se veut artiste. Sand y accorde une place importante à son enfance et à ses aïeux, mettant en lumière leur incidence sur la formation de son caractère. Au-delà du « je », elle peint à grands traits le portrait d’une génération touchée par le mal du siècle.

Début du premier chapitre d’Histoire de ma vie
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Grand succès de l’Histoire de ma vie par George Sand
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C’est une série de souvenirs, de professions de foi et de méditations, dans un cadre dont les détails auront quelque poésie et beaucoup de simplicité. Ce ne sera pourtant pas toute ma vie que je révélerai.

George Sand, lettre à Charles Poncy, 14 décembre 1847

Notre contemporaine

Déterminée à être une femme indépendante, George Sand choisit l’écriture pour gagner sa vie et éduquer ses deux enfants. Elle négocie ses contrats avec son éditeur et veille à son image publique, diffusée par une presse dont l’emprise médiatique augmente. Dans Le Secrétaire intime, l’autrice semble s’exprimer à travers son personnage lorsque la princesse Quintilia déclare : « Un jour, il [le monde] me connaîtra sans doute, et si ce jour n’arrive pas, peu importe, j’aurai ouvert la voie à d’autres femmes. »

Portrait de George Sand
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